Après la France, c’est au tour des États-Unis d’être mis à la porte par le Niger. La décision des États-Unis de quitter le Niger intervient après des manifestations à Agadez contre la présence militaire américaine.
C’est la « suite logique » de ce que font les juntes après avoir pris le pouvoir, explique le journaliste, Wassim Nasr, qui décrit l’éclipse grandissante de l’influence occidentale au Sahel. Pour Benjamin Roger, journaliste à Jeune Afrique, ce recul profite à la Russie, qui s’est installée au Niger il y a une dizaine de jours.
Pour le moment, il n’y a pas encore de détails sur les modalités du retrait. Il est question de plusieurs mois.
La base d’Agadez est déjà moins peuplée qu’auparavant. Mais en termes de matériel, il y a énormément de choses. Faire partir tout ça va demander un important effort logistique.
Lors de sa visite à Washington, mardi 15 avril, le Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, s’est entretenu avec le numéro deux de la diplomatie américaine, Kurt Campbell. Il a réitéré l’exigence nigérienne de retrait des troupes américaines présentes sur le territoire, notamment sur la base aérienne d’Agadez.
Contrairement à la position stricte de Paris, Washington s’est montré conciliant à la suite du coup d’État de juillet 2023, qu’il n’a qualifié comme tel que deux mois plus tard. Et depuis, les négociations entre les deux parties n’avaient pas cessé.
En effet, les Américains espéraient sauver la mise. Ils ont d’abord fait profil bas. Dans un premier temps, ils n’ont voulu ni condamner ni nommer le coup d’État.
Et encore, on pensait que la désignation de « coup d’État », finalement employée deux mois après les faits, allait suspendre automatiquement toutes leurs activités.
Or, cela n’a eu qu’un impact sur l’aide au développement. La coopération militaire a été plutôt préservée.
Puis est venu le temps des négociations. La secrétaire d’État aux affaires africaines, Molly Phee, s’est régulièrement rendue au Niger tout en dialoguant avec la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cela s’est encore manifesté cette semaine. Le Premier ministre nigérien était en visite à Washington pour des discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, essentiellement avec une délégation spécialisée dans les questions économiques. Mais ils en ont visiblement profité pour rencontrer les autorités américaines, dans un format bilatéral, et discuter davantage de cette demande de retrait.