Voici ce qui justifie la présence d’Antony Blinken en Afrique, la Russie et la Chine ont du souci à se faire

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Crédit Photo : The Guardian

C’est une venue en Afrique qui n’arrange pas forcément les affaires de la Russie et de la Chine. En effet, Antony Blinken, secrétaire d’État américain est en Afrique depuis quelques jours. Ce fut l’occasion pour lui de se rendre en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigeria et même en Angola. Officiellement, il est question de parler de coopération. Mais, selon plusieurs analystes politiques, cette visite d’un haut émissaire des USA a pour objectifs de contrer l’influence de la Russie et de la Chine sur le continent.

Longtemps resté en retrait, Pékin et Moscou ont su profiter de l’inefficacité de la politique française sur le continent noir pour se faire une place.

Lentement mais surement, les deux puissances se sont implantées en Afrique. Le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, la République Centrafricaine, Moscou et Pékin ont su combler le vide laissé par Paris.

Cet état de chose n’arrange pas forcément les affaires des États-Unis qui a pris la décision de contrer l’influence des deux pays sur le continent.

Influence russe

Depuis la dernière visite d’Antony Blinken dans la région en mars 2023, le paysage politique a quelque peu évolué. À l’époque, il s’était rendu au Niger pour soutenir le président élu Mohamed Bazoum dans ce pays où les États-Unis comptent plus de mille soldats et des bases de drones pour la lutte contre les jihadistes.

Mais quatre mois plus tard, Mohamed Bazoum a été renversé par un coup d’État militaire et le nouveau régime cherche à diversifier ses partenaires : les soldats français ont été chassés et les liens se renforcent avec Moscou. La Russie a développé son influence dans plusieurs pays d’Afrique francophone ces dernières années, avec notamment la présence du groupe paramilitaire Wagner en Centrafrique et au Mali. Elle entretient par ailleurs des relations privilégiées avec le Burkina Faso.

La situation sécuritaire au Sahel demeure préoccupante : les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique mènent toujours des attaques sanglantes au Mali, au Burkina et au Niger, trois pays dirigés par des militaires arrivés au pouvoir à la faveur de coups d’État.

Au Niger, les Américains ont pour le moment gardé leur base et leurs soldats mais Washington réfléchit à d’autres options, dans des pays côtiers plus stables notamment.

« Plusieurs endroits » sont ainsi à l’étude pour une base de drones, selon les mots prononcés l’an dernier par le Général James Hecker, commandant de l’armée de l’air américaine pour l’Europe et l’Afrique.

Consolider la démocratie 

Lors de cette visite ouest-africaine, Antony Blinken va aider les pays « sur tous les fronts pour renforcer leurs sociétés et lutter contre l’expansion de la menace terroriste que l’on observe au Sahel », explique Molly Phee, sous-secrétaire d’État pour l’Afrique qui s’est rendue au Niger en décembre.

Il va également encourager les pays à faire de la « sécurité des civils lors d’opérations militaires et la promotion des droits humains et du développement des communautés », une priorité, a-t-elle ajouté devant la presse.

Antony Blinken, parfaitement francophone et fan de football, doit arriver lundi soir à Abidjan où la Côte d’Ivoire joue un match décisif pour la Coupe d’Afrique des Nations qu’elle organise en ce moment.

Sa visite intervient quelques jours après celle de son homologue chinois, Wang Yi qui s’était rendu également au Togo, en Tunisie et en Égypte. Pékin est depuis longtemps très actif sur le continent en finançant notamment des infrastructures dans de nombreux pays.

En Côte d’Ivoire, Antony Blinken va saluer la consolidation de la démocratie depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011. Le pays a retrouvé une relative stabilité après une grave crise post-électorale en 2010-2011 qui a fait plus de 3 000 morts.

Plan sur dix ans

Frontalier du Mali et du Burkina, il a pour l’heure réussi à endiguer la menace jihadiste. Le dernier incident lié à ces groupes armés dans le nord du pays remonte à début 2021.

Selon une étude de l’International Crisis Group (ICG), l’approche du gouvernement Ouattara basée tant sur une réponse militaire que sur le développement économique des zones concernées, en particulier pour les jeunes, porte ses fruits.

L’administration Biden a annoncé l’an dernier un plan sur dix ans afin d’encourager la stabilité et éviter les conflits au Bénin, Ghana, Guinée, Côte d’Ivoire et Togo, des pays côtiers qui sont dans le viseur des groupes jihadistes. Ce plan, encourageant notamment une réponse sociale, se démarque nettement de l’approche passée, plus centrée sur le tout sécuritaire.

Antony Blinken débute sa visite lundi au Cap-Vert, partenaire des États-Unis qui louent la stabilité démocratique de cet archipel lusophone d’un demi-million d’habitants.

Les États-Unis ont donné quelque 150 millions de dollars à travers deux programmes, incluant notamment l’expansion du port de la capitale Praia, l’amélioration de routes et du système de distribution d’eau potable. Un troisième programme d’aide est à l’étude.

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