Depuis l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Bénin en 1972, les relations sino-béninoises se sont considérablement développées et diversifiées. En ce sens, l’empire du milieu s’impose comme un modèle à travers le monde. Après plus d’un demi-siècle de collaboration entre la Chine et le Bénin, les chiffres parlent d’eux-mêmes et les résultats obtenus sont évocateurs de la qualité des relations entre les deux pays.
Le constat est clair : la coopération sino-béninoise est très bénéfique pour le Bénin et l’influence de la Chine est perçue comme très positive par des centaines de Béninois. Sur 3453 personnes, 3212 soit un pourcentage de 93% jugent positive la coopération entre les deux pays. C’est l’essentiel à retenir des chiffres issus du sondage réalisé par notre site auprès de ses abonnés béninois. « La Chine est un partenaire plus flexible, plus crédible, plus rapide pour l’Afrique », a commenté Cédric Houndjè. Il n’est visiblement pas le seul qui estime que la Chine est un partenaire sérieux et qui nourrit l’ambition de voir le Bénin se développer. Comme lui, Diane H., une internaute va dans le même sens que son prédécesseur. « Pour moi, contrairement à ce que relayent les médias occidentaux à longueur de journée, la Chine est un modèle économique et de développement. L’idée est donc d’apprendre du modèle chinois et au niveau des infrastructures, la Chine a financé et exécuté plusieurs projets stratégiques routiers et administratifs », a-t-elle commenté.
Dans la même veine, un autre internaute qui abonde dans le même sens avance l’argument selon lequel : « la coopération sino-béninoise s’illustre chaque jour dans une vision de solidarité et de prospérité commune ».
Cet autre internaute va plus loin arguant que : « si on regarde dans le détail, on peut trouver des critiques, mais il est évident que la Chine a joué un grand rôle dans la croissance et le développement d’un bon nombre de pays africains dont le Bénin ». Il ajoute que : « la chine casse avec l’hypocrisie occidentale et les nombreuses conditions mises en place avant de bénéficier des aides au développement ». Abondant dans le même sens, Cyrille Ligan, Journaliste béninois a fait savoir que : « vu du Bénin, la Chine est à la fois un grand investisseur, un pays qui opère du transfert de technologie et un pourvoyeur d’emplois ». Entre la Chine et le Bénin, ajoute-t-il : « C’est plusieurs accords signés qui touchent à l’économie numérique, à l’agriculture, à l’énergie, au tourisme, aux infrastructures et à l’éducation ».
A ce titre, Nicéphore Glodjinon, enseignant-chercheur à l’université d’Abomey-Calavi a affirmé que : « plusieurs milliers de Béninois ont pu grâce aux bourses chinoises terminer leur formation et une fois rentrés au pays ont décroché un emploi décent ». Pour lui, « cette coopération entre la Chine et le Bénin qui débouche sur la formation des jeunes permet de former des cadres et de sortir de nombreux Béninois du cercle vicieux de la pauvreté ».
Pour Folashadé Soulé, spécialiste des questions liées à l’Afrique dans les relations internationales et plus précisément, les relations Afrique-Chine, « la Chine, tout en montrant sa disponibilité à partager les fruits de la modernisation à la chinoise, encourage le Bénin dans l’approfondissement de sa propre voie de développement ».
D’après la spécialiste, « la Chine soutient le Bénin dans l’exploration indépendante d’une voie de développement adaptée à ses conditions réelles, et est prête à renforcer les échanges d’expériences de gouvernance avec le Bénin, à partager les expériences en matière de réforme et de développement, à se soutenir fermement et à réaliser un développement commun ».
Dans la même perspective, Messanh Emmanuel Ahlinvi, enseignant, cite un autre atout du partenaire chinois : « Les Chinois travaillent sur la durée. Ils vont envoyer des experts pour des formations, ce qu’ils font déjà. Ils se montrent beaucoup plus ouverts, plus coopératifs et crédibles ».
Le Bénin représente également une porte d’entrée à l’influence culturelle de la Chine en Afrique de l’Ouest. Angelo Kpotounou, politiste et assistant de recherche au CiAAF, un groupe de réflexion sur la gouvernance publique en Afrique basé à Cotonou, explique : « La Chine contribue à la réalisation d’infrastructures routières et fait beaucoup de choses. Mais le Bénin est aussi un enjeu stratégique pour la Chine dans la mesure où il constitue un carrefour qui lui permet d’intervenir dans les autres pays limitrophes du Bénin. »
La Santé, l’une des plus grandes réalisations de l’empire du milieu
L’accostage à Cotonou du navire-hôpital chinois « Arche de la paix » illustre aisément la coopération médicale historique entre l’empire du milieu et le Bénin.
Lors de son séjour récent au Bénin, le navire-hôpital chinois a réalisé des avancées médicales impressionnantes. Ce déploiement inédit a permis de soigner des milliers de Béninois, avec un bilan de 137 opérations chirurgicales, 8122 consultations et plus de 100000 médicaments distribués, apportant une aide médicale inédite. Le personnel médical chinois a mené des opérations de diverses spécialités, offrant des soins de santé vitaux dans un contexte où les ressources locales peuvent parfois être limitées.
Mieux encore, la visite du navire s’est distinguée par une innovation technologique et médicale sans précédent : une opération de téléchirurgie, réalisée depuis la Chine sur un patient béninois.
Selon Olushegun Adjadji Bakari, ministre des affaires étrangères, « cet exploit met en lumière la capacité de la technologie à élargir l’accès aux soins, même dans les endroits éloignés des centres médicaux avancés ».
Au-delà de cet acte unique, renchérit Benjamin Hounkpatin, ministre de la santé du Bénin, « la mission de l’Arche de la paix reflète le renforcement des relations bilatérales entre la Chine et le Bénin. Ce projet de coopération permet d’envisager un accès accru aux soins spécialisés pour les populations africaines, tout en promouvant les échanges de compétences et d’expertise entre les professionnels de santé des deux pays. L’initiative symbolise aussi l’importance de la solidarité internationale et de la technologie pour répondre aux besoins sanitaires pressants dans les pays en développement ».
Les axes d’amélioration
Toutefois, ces avis ne sont pas partagés par tous. Appréciant la qualité de la coopération sino-béninoise, les commentaires et les critiques vont bon train. Sur les 3453 personnes qui ont pris part au sondage, seulement 7% soit 241 personnes estiment que les partenariats entre la Chine et le Bénin pourraient être améliorés pour mieux répondre aux besoins et aux priorités des populations pour éviter un certain rapport de dépendance.
Ainsi, certains s’interrogent sur l’avenir des étudiants qui partent étudier en Chine grâce aux bourses chinoises et qui rentrent au bercail à la fin de leur formation.
Pour cela, Folashadé Soulé, spécialiste des questions liées à l’Afrique dans les relations internationales et plus précisément, les relations Afrique-Chine, préconise : « Je dis souvent qu’il faut capitaliser sur les étudiants et ceux qui sont passés par la Chine car, ils connaissent la langue et la culture chinoise. Ce sont des éléments qui aident à mieux comprendre le partenaire. Il faut savoir également jouer sur la compétitivité de ces acteurs ».
La perfection n’est pas de ce monde. En dépit de toutes les fleurs que les sondés jettent à la Chine, il n’empêche qu’il y a des volets à améliorer pour une coopération plus dynamique.
Comme c’est le cas pour les relations humaines, tout n’est pas rose dans les relations entre la Chine et le Bénin. Folashadé Soulé, spécialiste des questions liées à l’Afrique souligne le fait que les projets financés par la Chine font essentiellement appel à des entreprises et à de la main-d’œuvre chinoises, au détriment de la main-d’œuvre locale. « La Chine devrait faire de plus en plus confiance à la main d’œuvre locale. Surtout dans un contexte de chômage accru au Bénin, faire appel à ces milliers de jeunes peut régler un tant soit peu le problème », a-t-elle laissé entendre.
Dans le même contexte, Lamine F, diplomate béninois, a fait savoir que pour renforcer la coopération sino-béninoise, Pékin doit faciliter davantage les conditions d’entrée en Chine pour les opérateurs économiques béninois et octroyer encore plus de bourses aux étudiants. « Ce ne sera pas trop demander aux autorités chinoises de mettre en place un système de free visa pour les Béninois désireux de visiter la Chine. Ce n’est qu’à ce prix que la coopération sino-béninoise pourra prospérer et se porter encore mieux », a-t-il confié.
Dans le même registre, Sosthène Fagla, agriculteur et âgé de 35 ans a fait savoir que la Chine pourrait simplifier les démarches pour l’autorisation d’exportation des produits vivriers en Chine. « Il est vrai que la Chine a considérablement consentis des efforts ces dernières années pour que les produits comme l’ananas, le Soja, le Cajou puissent être exportés en Chine. Mais, la Chine doit en faire davantage. Car, tant qu’il reste à faire, rien n’est fait », a-t-il expliqué visiblement convaincu que ces efforts de l’empire du milieu pourront porter ces fruits.
Quoiqu’il en soit, en plus de cinquante années de coopération, il est évident que la Chine est un partenaire fiable et crédible pour une frange très importante des Béninois. D’ailleurs, au cours d’une rencontre avec la presse, Peng Jintao, ambassadeur de Chine près le Bénin, a précisé que son pays a énormément contribué à la réalisation des infrastructures au Bénin. On l’aurait compris. La coopération sino-béninoise repose sur des bases solides de fraternité, d’amitié, de partenariat gagnant-gagnant, de respect mutuel et d’égalité. Et à Folashadé Soulé, spécialiste des questions liées à l’Afrique dans les relations internationales de conclure : « il faudra œuvrer pour sauvegarder ces acquis ».
Dios-Milckel CHACHA