Oswald Homeky : De la maladresse de 2019 à l’inconfort politique, les coulisses d’une démission en douceur

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Oswald Homeky
Crédit Photo : Présidence Bénin

Oswald Homeky rime enfin avec démission. Pendant sept ans six mois un jour au gouvernement, le « fils spirituel » du président Talon et désormais ancien ministre des sports a joué sur la fidélité et la loyauté jusqu’à sa démission. Le loyal s’est enfin décidé à sauter le pas. Depuis quelques mois, le jeune ministre était entré en rébellion.

D’illustre inconnu avant 2016, il devient en quelques mois l’un des incontournables de la politique béninoise en raison de son poids politique auprès des jeunes. Après une ultime réunion avec le gouvernement le 5 octobre dernier, Oswald Homeky a remis sa lettre de démission à Patrice Talon. Et il faut remonter cinq ans plus tôt pour comprendre pourquoi et vers où il entend maintenant se diriger.

  • La maladresse de 2019

La première maladresse remarquée d’Oswald Homeky lui sera reprochée en 2019. Alors qu’il était ministre du tourisme, de la culture et des sports, il a célébré le baptême de son fils le 24 août 2019 pour lequel n’était convié que des artistes étrangers. Un événement faste diffusé où célébrités et acteurs politiques de l’opposition été invités alors que le gouvernement demandait à la population de « se serrer la ceinture ». Tollé général, dans le rang des acteurs culturels béninois qui se sont indignés de la préférence des artistes internationaux aux artistes locaux par le ministre de la culture.

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Le 9 septembre, soit deux semaines après cet événement, le président lui a arraché le portefeuille du tourisme et de la culture qu’il a confié au cacique Jean Michel Abimbola, réduisant ainsi le champ d’action du jeune ministre. Oswald Homeky contrôle ensuite mieux ses sorties. Mais ce n’est que la première d’une longue série.

  • Inconfort politique

Pas très friand de toutes les positions du gouvernement sur certains sujets politiques, il a également hésité à de nombreuses reprises à claquer la porte du gouvernement après les élections de 2021. Des invectives par le président, il y en eut finalement beaucoup. Selon des sources crédibles, l’image de proximité tant affichée par les deux hommes politiques n’était que de façade. La relation entre Patrice Talon et son ministre était plus assimilée en privé à une relation de boy et de chef qu’à une réelle collaboration.

Chose ressentie comme inacceptable par le jeune ministre qui, selon nos sources, s’en serait ouvert au chef de l’Etat qui lui demande de rester et lui promet en échange plus de liberté pour s’exprimer. Mais au fil du temps, la stupéfaction se mêle à l’agacement. Qu’il nous souvienne qu’après sa démission, Candide Azannaï avait indiqué qu’il y a plus d’un ministre qui auraient souhaité partir mais qui n’ont pas eu, comme lui, le courage de le faire. Osons croire, à la lumières des récents événements, que Oswald Homeky faisait partie du lot.

  • La goutte d’eau qui a fait déborder le vase

Le « jeune fort » du gouvernement gagne autant en popularité dans l’opinion publique qu’il en perd auprès de son chef. La démission d’Oswald Homeky a sans doute pris forme le 6 octobre 2023, mais tout porte à croire qu’elle a été précipitée par le ministre lui-même. En effet, Oswald Homeky justifie qu’il a préféré « garder le droit d’exprimer ses convictions et défendre aspirations du peuple béninois plutôt que de trahir la confiance du peuple ».

Cette raison évoquée par le ministre sur sa démission ne convainc pas. Car il sait pour la fonction qu’il occupe qu’à trois années des prochaines élections, il est encore trop tôt d’opiner sur un potentiel successeur de son chef. L’objet de la violente réprobation à l’origine de cette démission a pour nom Olivier Boko.

Pour cause, le ministre avait publiquement affirmé quelques jours plus tôt que Olivier Boko, l’ami du chef de l’Etat, est « celui dont la candidature rassemblera aisément toutes les tendances au sein de la mouvance et même en dehors » pour la présidentielle de 2026. Alors que le président Talon est pris en tenaille entre sa politique intérieure et sa politique étrangère.

Ces déclarations étaient malvenues et, selon nos sources, le Chef du gouvernement l’a fait savoir à son ministre, en plein conseil des ministres. Le ministre y aurait donc trouvé une occasion pour jeter le tablier.

En attendant de connaître la nouvelle trajectoire politique d’Oswald Homeky, il n’est pas exclu de le voir « devenir premier ministre » d’un éventuel prochain gouvernement d’Olivier Boko comme il l’a ironisé sur une chaine de radio après sa démission. Mais là, Homeky rime avec démission et spéculations.

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