Pas d’embarquement du brut nigérien depuis le terminal de Sèmè Kpodji, si le Niger maintient sa frontière fermée. C’est la condition posée par le Bénin dirigé par Patrice Talon sur la suite de la coopération liée à l’exploitation de l’oléoduc entre les deux pays en froid depuis juillet 2023. Cotonou a tenté un rapprochement après la levée des sanctions de la CEDEAO, en ouvrant sa frontière le 26 février 2024.
Mais le voisin nigérien est resté campé sur sa position. Les barrières demeurent. Les premiers litres de l’or noir pompé à Agadem, au Niger, ont atterri dans les installations de la station de Sèmè Kraké, courant avril. Avec cette décision, les navires devant prendre le relais pour l’exportation de ce pétrole sont bloqués.
L’ambassadeur de Chine au Bénin Peng Jingtao et la société Wapco, en charge de la gestion de l’oléoduc, sont informés de cette décision. Le pipeline Bénin/Niger, c’est plus de 600 milliards de francs cfa investis par cette société.
Au Niger, les nouveaux hommes forts du pays ont réagi à cette nouvelle décision et invitent la Chine à régler la situation.
Sur Radio France International ce mercredi 8 mai 2024, le président du Bénin, Patrice Talon, est revenu sur la situation des relations fragiles entre Cotonou et Niamey.
Dans ses propos, le Chef d’État béninois a justifié sa décision d’interdire l’embarquement du pétrole nigérien depuis la plateforme de Sèmè-Podji.
En effet, Patrice Talon a d’abord évoqué toutes les démarches qu’il a entreprises pour normaliser les relations entre les deux pays frères, le Bénin et le Niger. Le numéro 1 béninois a fait savoir que malgré l’ouverture des frontières côté Bénin, l’envoi de messages et surtout, l’envoi du chef de la diplomatie béninoise Olushegun Bakari à Niamey, il n’a reçu aucune réponse de la part des autorités de la transition nigérienne.
De plus, se plaignant tout de même de l’état actuel des relations entre son pays et le Niger, Patrice Talon, pense que les ”échanges entre pays doivent se faire de façon formelle et structurée,“ selon RFI. Il rappelle que ce sont les Chinois qui l’avaient tenu informer de l’arrivée officielle de la délégation nigérienne pour l’inauguration du pipeline, rapporte notre confrère Jean-Luc Aplogan, correspondant de RFI à Cotonou.
A la question de l’importation des céréales du Bénin vers le Niger, « on ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir notre collaboration et nos moyens », a indiqué Patrice Talon.
« Je suis peiné par les relations tendues entre le Niger et le Bénin, deux pays amis et frères », a regretté le Chef de l’État béninois. « Prendre le Bénin comme pays ennemi et répandre qu’il a massé des troupes étrangères à ses frontières pour attaquer le Niger est totalement ridicule », a-t-il conclu sur le sujet.