Depuis le coup de force qui a renversé Mohamed Bazoum du pouvoir, les relations entre le Bénin de Patrice Talon et le Niger dirigé par la junte sont tendues.
Les relations entre les deux États se sont détériorées à tel point que c’est désormais du tic au tac.
Si le Bénin a dû revoir sa copie en intensifiant une politique de la main tendue pour une paix retrouvée, le Niger non seulement fait la sourde oreille, mais durcit sa position.
Pendant ce temps, les populations des deux côtés de la frontière souffrent le martyr en raison de la flambée des prix des produits de première nécessité, corollaire des difficultés d’importations, de transport et de distribution desdits produits du côté de Niamey.
Dans ce contexte, le prix des céréales comme le maïs, la farine de manioc, le tapioca ou encore des tubercules comme l’igname ou encore l’huile et le sucre a connu une augmentation.
Cette hausse s’est accrue depuis que Patrice Talon a décidé de la fermeture des frontières fluviales entre le Bénin et le Niger.
Interrogée par radio BBC, Marie JOHN, une commerçante béninoise de Gari (farine de manioc) et de tapioca, autre dérivé du même tubercule, se désole :
« Le sac de Gari (aliment fait à base de manioc) que nous achetons à 45 000 F est vendu aujourd’hui à 90 000. Avant, les prix avaient augmenté, mais pas à ce point. Pire, quand notre stock de marchandises sera épuisé bientôt, nous ne pourrons plus en avoir »
Cette commerçante béninoise dont le marché d’écoulement est le Niger, s’en remet aux dirigeants des deux pays et fait une exhortation : “Mon souhait est que les autorités prennent conscience de la gravité de la situation, elles doivent penser à nous, qu’elles sachent que nous souffrons et que la fermeture de la frontière n’arrange personne. Nous les exhortons à trouver un terrain d’entente afin que la paix règne ».
Au micro de la radio dont le slogan est ” Nation Shall Speak Peace Unto Nation” entendez ” La nation parlera de la paix à la nation”, Hadjia Hadiza ALZOUMA usagère du marché de Wadata venue acheter du maïs corrobore les dits de la commerçante béninoise à propos de la flambée des prix sur les marchés Nigériens :
« Il y a beaucoup de denrées qui nous proviennent du Bénin telles que le riz, le maïs, l’igname, la farine de manioc et celle d’igname et tapioca. Aujourd’hui, ces produits, très consommés par la population nigérienne, deviennent rares sur nos marchés.
Pire, les prix de certains produits ont connu une hausse vertigineuse. Normal, puisque la frontière avec le Bénin est fermée, les commerçants contournent vers le Togo et Burkina Faso et cela implique d’autres frais supplémentaires.
Par exemple, la tasse de gari (farine de manioc) qui coûtait 800 f est vendue à 1 500 f, le sac de riz qui se vendait à 11 000 f est vendu à 17 000 f, voire plus. Sincèrement, nous souffrons beaucoup de cette situation ».
La mesure d’allègement des taxes et impôts prélevés sur les importations des produits prise par les nouveaux forts de Niamey aux fins de diminuer les charges et permettre aux commerçants d’écouler leurs produits sur les marchés à un prix abordable, a montré ses limites avec la fermeture du trafic fluvial de part et d’autres des rives du fleuve Niger.