Oumar Berté est avocat et politologue malien, chercheur associé à l’université de Rouen. S’il n’est pas surpris par l’arrêt qu’elle a rendu, la Cour constitutionnelle a manqué, selon lui, l’occasion de marquer son indépendance et de répondre aux attentes des Maliens.
« On voyait difficilement la Cour avoir le courage de constater une vacance du pouvoir qui voudrait dire que les militaires ne sont plus les tenants du pouvoir au Mali, et de demander la mise en place d’une transition civile, telle que prônée par les requérants.
On n’a aucun élément qui permettrait de dire qu’il y a eu une pression (politique, Ndlr) mais, au regard de ce qui se passe actuellement au Mali, il me paraissait très improbable qu’on puisse avoir une Cour suffisamment courageuse pour aller jusque-là », analyse le chercheur.
Pour l’avocat et politologue malien, la Cour constitutionnelle a délibérément choisi de limiter son arrêt au cas de la vacance de la présidence et a « soigneusement évité » de se prononcer sur les implications du décret présidentiel signé par le colonel Assimi Goita en juin 2022 sur la durée de la période de transition, et au sujet duquel elle était pourtant saisie.
« C’était une très belle opportunité que la Cour avait pour assoir sa crédibilité aux yeux des citoyens Maliens et de gagner la confiance du peuple, estime Oumar Berté. La Cour aurait dû se prononcer sur le décret fixant la transition à 24 mois à compter du 26 mars 2022.
Et je pense que je ne suis pas le seul ! Beaucoup de Maliens auraient aimé entendre l’analyse juridique de la Cour, ce qu’elle n’a malheureusement pas eu le courage de faire. »