Faut-il forcément suivre l’orientation professionnelle de ses parents ?

0
Voici le classement des 10 meilleurs systèmes éducatifs en Afrique
Crédit Photo : Ohmyafrica

Nous aurions pu nous poser une autre question qui intègre parfaitement celle soulevée par A+ BENIN dans l’émission « on se parle cash ». Doit-on ou devrions-nous vivre dans l’ombre de nos ascendants ?

Dans un passé fuyant qui emporte avec lui ses codes, la #reproduction_sociale était l’option par défaut ou par raison pratiquée au sein des familles quand arrive l’heure de mettre en capacité les enfants à s’assumer sur le marché du travail.

Les outils de production étaient transmis systématiquement comme dans une course de relais des parents aux enfants. Un passage de témoin, mécanisme prescrit pour stratifier la société avec des murs et des frontières entre diverses couches de la société. L’aristocrate va se distinguer du paysan par un ensemble de modes de vie qui adressent aussi la profession.

Le travail étant aussi un attribut de pouvoir, d’estime et de reconnaissance sociale, la noblesse va tracer des 𝒃𝒐𝒓𝒅𝒆𝒓𝒔 pour éviter que n’advienne la mobilité sociale ascendante. Pas question que la descendance d’un paysan intègre la noblesse pour s’adjuger les mêmes pouvoirs, ce qui aura pour effet l’avènement d’une société plus égalitaire. Mais le monde a depuis connu des mutations.

Aujourd’hui, plus aucune fonction de prestige n’est réservée à une certaine caste, un certain groupe, un certain clan. Au bout de l’effort et d’une résilience assumée, les migrations des basses classes vers les hautes sociétés sont à portée de main. Les modèles de réussite sont légion et nul ne peut les ignorer.

Un tel contexte commande de briser les chaînes d’une reproduction sociale qui compromet la diversité et l’innovation au sein des familles. Les familles exclusives aux couleurs de médecins, d’enseignants, de menuisiers, meuniers, d’avocat, etc… ne garantissent pas toujours le bonheur de la complémentarité des services.

Le choix d’une imposition d’une profession monotone expose aussi la famille à des risques. Imaginons un instant, une crise temporaire ou définitive qui secoue un secteur d’activité. Imaginons les conséquences irréparables sur les acteurs dudit secteur d’activité.

Imaginons enfin, les lamentations sans aucune possibilité d’entraide et de solidarité de proximité (d’un frère, d’une sœur) dans une famille dans laquelle la profession a été imposée par les parents aux enfants. Que l’on ne se méprenne pas sur l’idée ici. Il ne s’agit pas d’un procès livré aux parents qui, dans une large majorité (tout parent conscient bien-sûr) veulent du bien à leurs enfants. De bonne foi, ils peuvent se tromper en exerçant une certaine contrainte dans le choix d’un métier.

Il est utile de se passer des clichés figés. Dans le contexte local, l’attrait séduisant des métiers purement intellectuels demeure le piège fatal à éviter. Le marché de travail est dynamique. Les métiers d’hier n’ont plus forcément les mêmes points d’ancrage aujourd’hui. Il y a même un renouvellement perpétuel des métiers. L’orientation professionnelle est un métier reposant sur l’art encadré par des exigences scientifiques.

Les parents doivent se mettre dans un simple rôle de guide, être à l’écoute de leurs enfants, engager un dialogue avec ces derniers, observer l’agilité de tel ou de tel enfant à faire telle ou telle autre chose, mettre, s’ils en ont les ressources, les informations à disposition des enfants pour faciliter un choix éclairé et au mieux, recourir aux services d’un professionnel en orientation professionnelle.

Ce n’est qu’à ce seul prix, que les enfants pourront faire des choix d’études par raison et vivre avec passion les professions de leurs choix. De toutes les façons, un parent qui fait l’option d’une imposition de métier au mépris des goûts de ses enfants court le risque d’entendre cette phrase si jamais ça ne marche pas :  » Père, mère, c’est vous la cause de mon échec professionnel  ». L’homme étant en quête de bouc-émissaire pour se déresponsabiliser, les parents doivent tirer toutes les leçons.

Il n’y a ni remords, ni regrets, ni sentiments de culpabilité, ni amertume, ni des projections fades à faire dans le passé. Parents et enfants savent désormais quelle approche adoptée pour résoudre l’équation de l’orientation professionnelle.

Joël Tchogbé, sociologue

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici