C’est un symbole fort des tensions sécuritaires qui agitent l’Afrique. En 2023, aucun autre pays, qu’il soit africain ou non, n’a autant renforcé ses dépenses militaires que la République démocratique du Congo (RDC).
Selon le SIPRI, l’institut de référence sur les conflits armés, aucun autre pays n’a autant boosté ses dépenses dans ce secteur que le géant d’Afrique centrale cette année.
Un incroyable bond de 105% qui fait désormais de Kinshasa le champion mondial des augmentations militaires en pourcentage, dépassant les mastodontes américain, russe ou chinois.
Derrière ces chiffres vertigineux se cache une réalité bien concrète pour la RDC : un état de siège permanent face à l’hydre de la violence armée.
À l’Est, la résurgence des atrocités des rebelles du M23 alimente un brasier que le gouvernement Tshisekedi entend éteindre à tout prix.
Avec un arsenal financier qui atteint cette année les 794 millions de dollars, l’objectif est clair : muscler sa capacité militaire et recouvrer un contrôle total du territoire mité par des décennies d’insécurité.
Une reconquête de la souveraineté qui passe, entre autres, par le départ anticipé et exigé des Casques bleus de la Monusco.
Les premières salves monétaires ont d’ores et déjà été tirées en novembre 2022, lorsque 10,4% du budget national, soit un bond ahurissant de 300%, a été alloué à la Défense.
De quoi marquer « l’initiative du gouvernement pour renforcer ses forces armées », comme l’analyse le rapport du SIPRI.
La RDC n’est cependant pas un cas isolé dans cette région en proie aux violences communautaires et à la prolifération des groupes armés.
De manière générale, l’Afrique subsaharienne a vu ses dépenses militaires s’accroître de près de 9% à 23,1 milliards de dollars, portées notamment par le Nigeria (+20%) et le Soudan du Sud (+78%).
Une escalade sécuritaire qui interpelle au moment où la planète vient de battre des records en termes de budgets consacrés aux armées : 2 443 milliards de dollars en 2023, la plus forte hausse annuelle depuis 2009.
Reste à voir si ce chemin des armes finira par apporter la stabilité tant espérée pour la RDC. Ou si cette augmentation des dépenses militaires ne fera qu’attiser un peu plus les tensions aux portes de la poudrière de ce pays africain.
