Vieilles de plus d’un demi-siècle, les relations entre la Chine et le Bénin se sont renforcées au fil des années. Les deux pays travaillent à préserver le climat de confiance solide qui règne entre eux pour écrire les pages fructueuses d’un partenariat Sud-Sud exemplaire. En clair, la coopération sino-béninoise s’illustre chaque jour dans une vision de solidarité et de prospérité commune.
Zariane Djimassè
« C’est du pipo ! Arrêtez de nous bourrez la tête avec des discours infondés selon lesquelles la Chine est dans une logique de recoloniser l’Afrique. Ce disque est rayé ». Ce sont-là les propos de Brice Mahoussi, la quarantaine environ qui, assis devant sa télévision un dimanche matin ne mâche pas ses mots en opinant sans détour sur la coopération entre le Bénin et l’empire du milieu.
Très en colère, il s’insurge devant cette manie des chaînes pro-occidentales à saper les efforts consentis par la Chine au Bénin. « Comment peut-on tordre le cou à une réalité et nous faire croire que la Chine n’est qu’au Bénin que pour ses intérêts ? En tout cas, je trouve cette stratégie malhonnête, lamentable et déplorable ».
Ces mots sont durs et lourds de sens. Visiblement, Brice Mahoussi ne décolère pas et enfonce davantage le clou. « Globalement, la Chine s’est montrée plus à l’écoute des priorités affichées par les dirigeants béninois. Pékin est plus crédible que tous ces partenaires au développement qui conditionnent les aides. Donc, je trouve cela désespéré qu’on vienne nous chanter à longueur de journée dans une symphonie mal organisée que la Chine ne se soucie pas du développement de l’Afrique », a-t-il laissé entendre.
Pour Saïd GARBA, fonctionnaire à la retraite, la Chine a su s’imposer au fil des années et est très appréciée. « Je dirais que la Chine a su profiter d’un manque, voire d’un désintérêt des partenaires traditionnels. Elle s’est montrée plus à l’écoute du peuple béninois. La Chine a su faire ses preuves en construisant des routes, des écoles, des stades. Elle a formé des étudiants, aidé le Bénin à prendre son destin en main », a-t-il affirmé.
La question qui se pose est est-ce que les infrastructures conduisent au développement économique et social ?
A en croire Saïd GARBA, « pour la Chine c’est oui. Mais pour les pays du Nord, c’est plutôt la gouvernance, la démocratie selon la conception occidentale et leurs intérêts personnels ».
Donc, renchérit Josué Sossa, « pour les pays africains, la Chine a comblé ce vide laissé par les pays occidentaux en apportant des financements. Au niveau des relations Chine-Afrique dans le domaine des infrastructures, l’offre rencontra la demande ».
Pour en savoir plus sur ce que pensent les Béninois de la coopération sino-béninoise, nous nous sommes rendus à l’Université d’Abomey-Calavi. Sur un échantillon de 100 personnes interrogés, 90 d’entre elles constatent que l’influence de la Chine est toujours vue comme très positive.
A titre illustratif, Constant Avlessi, étudiant à l’UAC évoque le cas de la construction de l’institut Confucius par la Chine. « Ce centre de formation a permis de former des milliers de Béninois. Quand on sait qu’il n’y a de richesse que d’hommes, on comprend aisément l’importance et le bien-fondé de la Chine à investir dans l’éducation de la Jeunesse », a-t-il expliqué.
D’un ton grave, il a martelé que « la formation des élites du Bénin est l’une des plus grandes réalisations de l’empire du milieu si ce n’est la plus grande ».
Mieux, reconnait-il que : « chaque année, des bourses chinoises sont octroyées à des centaines de béninois dans de nombreux secteurs pourvoyeurs d’emplois ».
Il est donc évident que la coopération sino-béninoise ne s’arrête pas aux infrastructures. Il y a également, l’éducation, la santé, l’agriculture, le sport, la culture etc.
Les avis divergent
Toutefois, il y a des critiques notamment vis-à-vis de la coopération sino-béninoise. Pour les détracteurs, le partenariat qui existent entre la Chine et le Bénin n’est pas « gagnant-gagnant ». « Cet engagement de la Chine au Bénin est en lien avec ses propres intérêts puisque les entreprises chinoises cherchent également des débouchés à l’étranger. Il faut savoir qu’il y a eu une surproduction de certains matériaux en Chine (aluminium, cuivre…). D’où l’importance et l’opportunité pour l’empire du milieu d’écouler ces matières premières », a déploré Ange Ayi, sociologue de formation.
Aussi, a-t-il évoqué la question de la dette. Pour lui, bien que la chine ait annulé une partie de la dette béninoise, le Bénin doit encore beaucoup d’argent à l’empire du milieu.
A cet effet, l’économiste béninoise, Géovani Ahokpè, a précisé que Pékin a 134 milliards de dollars de prêts en cours avec les pays africains. « Pour une coopération plus juste et équitable, il faudra que la Chine annule toute la dette du Bénin et remette le compteur à zéro. Cela va plus renforcer les liens entre les deux pays », a-t-il plaidé.