Ce dimanche 15 octobre, c’était le retour attendu. Yayi a fait le buzz, comme à son habitude. Un buzz qui n’arrive pas à supplanter celui de son bilan calamiteux à la Marina, tant il est encore si proche dans les mémoires.
Celui qui fut président de la République pendant 10 années avant d’être désigné Président d’honneur du parti Les Démocrates en 2020 entretient l’illusion de son importance en enquillant, à un rythme toujours plus soutenu et plus médiatisé, des apparitions politiques. Son retour aux affaires est cependant moins triomphal qu’il n’en a l’air. Désormais, sa promesse d’arrêter la politique au profit d’une mission évangélique semble un lointain souvenir.
Boni Yayi a toujours nourri le secret espoir de se porter candidat, en 2026. Or, durant sa présidence, il n’a réussi dans aucun domaine sauf à bordéliser la fonction publique et par ricochet les institutions de la République. On passera vite fait sur tous les domaines régaliens, justice, sécurité, armée, législatif. On ne parlera même pas de la corruption, de l’économie, du chômage, de la dette, des déficits, etc. Au défi de la tentation, la perspective des élections générales de 2026 l’a condamné à mettre au goût du jour ses plans.
Le voilà contraint à prendre la tête du parti pour lequel il n’était que le président d’honneur. Pourtant, dans ce rôle, il était bien l’acteur l’ombre, le marionnettiste. S’il avait toujours son mot à dire sur tout, pourquoi prendre la tête du parti ?
Yayi rêve de 2026. C’est un redoutable animal politique qui se nourrit du populisme et de la populace. Reste à savoir si l’horizon judiciaire et politique sera suffisamment dégagé pour que l’ancien président ait une chance de reconquérir la Marina, ou à tout le moins le palais des gouverneurs en 2026.
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Un alignement des planètes qui, à ce jour, paraît improbable. Pour cause, l’entente retrouvée entre le président Talon et son prédécesseur suite aux événements de 2019 et de 2021 est basée sur des concessions. Et pour qui connaît Yayi, l’ivresse du populisme et de la populace le poussera non pas à appeler à l’adhésion à son parti, mais à dresser un sombre tableau de la situation politique du pays.
Il dira qu’il y a urgence, l’urgence de revenir deux décennies en arrière pour ses « chers compatriotes » mangent à leur faims.
Naturellement, il devra donc convaincre à nouveau, lui le maître de l’abondance qui est revenu sans sa besace. N’étant pas revenu par le souhait de la base, il ne sera pas tendre avec le gouvernement actuel.
Sa riposte, graduée, débutera les tous prochains jours. Il balayera tout sur son passage et ira au front, même dans les endroits non autorisés comme ce fut le cas en 2019. Des déclarations alarmantes et des provocations politiques qui pourront attiser les hostilités entre militants des différents partis politiques.
Personne n’en doute, Yayi est revenu pour ça. Mais avant de reprendre pied sur le ring politique, il lui faudra observer, mesurer, débattre et surtout reconstituer une équipe rajeunie de fidèles. Pour que ses futurs coups portent juste. Yayi devra tout de même compter avec ses castors, qui regardent, inquiets, une nouvelle génération pointer son nez.
Il a enrôlé les quadras qui lui seront utiles. Éric Houndété et Nourénou Atchadé sont déjà en poste. D’autres suivront. Le duo Chabi Yayi et Guy Mitokpè a été pensé pour effacer de l’imaginaire collectif l’image de la vieille garde de corrompus et d’apôtres de la gabegie. Mais il devra trouver encore mieux : pour que lui, le plus énergique politicien de sa génération, l’emporte enfin à la manière d’un homme d’Etat. Sans avoir à porter ses gangs de boxe pour « cogner ».
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