Boni Yayi, exorciser la remontada

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Boni Yayi
Crédit Photo : ORTB

En politique comme au football, un match retour est souvent synonyme de confrontation à élimination directe. L’échéance de 2026 qui opposera la mouvance, rangée dans le camp de Patrice Talon, et l’opposition que tente de réunir Boni Yayi ne devrait pas faire exception à la règle. Terrassé par son adversaire il y a huit ans, le traumatisme de Boni Yayi de voir son dauphin au tapis ne semble pas près de s’effacer.

Alors comment passer enfin à autre chose pour Yayi et ses anciens collaborateurs fidèles ? La réponse est très simple : en mettant une raclée à Patrice Talon et sa clique en 2026. L’ancien président de la République, récemment propulsé à la tête du parti Les Démocrates, n’en peut plus de devoir voir son peuple qu’il « aime naturellement » souffrir de la politique de Patrice Talon alors qu’un de ses proches s’annonce pour prendre sa suite.

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L’opposition a pris sa carte d’abonné aux déconvenues électorales, quand la mouvance a vécu sa troisième victoire depuis 2016, il y a tout juste dix mois. Une présidentielle, deux législatives, une communale et malgré son soutien, rien n’y fit.

Pour se débarrasser de cette pesante remontada qui lui colle aux basques comme un chewing-gum, Yayi dessine 2026 autrement ; un nouveau face-à-face qu’il aborde dans une position paradoxale : un statut de chef de file de l’opposition plutôt confortable, où rallier tous les partis de l’opposition serait déjà un début de victoire pour lui.

Une possible remontada qui, si elle se produisait, serait certes inattendue. Mais pas non préparée pour autant. Car l’ancien président de la République aura mis 8 années à concevoir son plan, et ces deux prochaines années à profit pour peaufiner ce moment capital. Seul susceptible de chasser chez les Béninois le spectre de la hausse des prix des produits de première nécessité et l’augmentation des taxes et impôts.

L’ancien président a de grandes chances d’être réélu, si jamais il se représentait Seulement, Boni Yayi n’est pas présidentiable.

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En tout cas, pas en l’état actuel de la constitution béninoise. Il devra donc se contenter du parlement et des communes. Toutefois, si l’opposition réussit le pari de proposer un candidat qui fait l’unanimité, il pourrait obtenir une avance plus importante qu’en 2016.

Huit ans après le second tour perdu par Lionel Zinsou, son parrain a considérablement réduit l’écart et pourrait repêcher le pouvoir au profit de son camp.

En plus des récents évènements qui ont fragilisé Patrice Talon lors de ce début de son deuxième quinquennat, comme le retour de la corruption, la misère économique, la position du Bénin sur la crise au Niger, les réformes douloureuses et non consensuelles y sont aussi pour beaucoup, et la présentation de la candidature d’un dauphin aurait servie l’opposition plutôt que desservie.

Talon aura en quelque sorte aidé Yayi grâce à ces failles observées dans sa gouvernance. Yayi a toujours fait figure de rassembleur aux yeux de nombreux électeurs. Le succès de sa revanche sera dû à ses talents de « papa bonheur » et à l’affaissement fatal de son rival politique de toujours.

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