En plein conflit avec Abdourahamane Tiani, le président du Bénin, Patrice Talon, vient de recevoir une excellente nouvelle de la part du Fond Monétaire International (FMI).
Le vendredi 28 juin 2024, à l’occasion de la quatrième revue au titre du Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC) et de la Facilité Élargie de Crédit (FEC), le FMI a décidé d’accorder une enveloppe financière de 40 milliards de FCFA au Bénin.
Cette aide de l’institution internationale intervient à un moment où Patrice Talon et Abdourahamane Tiani se rendent coup pour coup dans la crise qui oppose le Bénin au Niger.
Ci-dessous, le communiqué du FMI :
Le Conseil d’administration du FMI achève la quatrième revue des facilités élargies de crédit et du Fonds, la première revue de la Facilité pour la résilience et la durabilité et conclut les consultations au titre de l’article IV de 2024
- Le Conseil d’administration du FMI a achevé aujourd’hui la quatrième revue du Mécanisme élargi de crédit (MEC) et de la Facilité élargie de crédit (FEC) du Bénin ainsi que la première revue au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FSR). La décision autorise un décaissement immédiat d’environ 67 millions de dollars. Le Conseil a également conclu les consultations au titre de l’article IV de 2024.
- L’économie béninoise s’est montrée remarquablement résiliente aux chocs récents, soutenue par un effort continu de réformes et une réponse gouvernementale vigoureuse rendue possible par la marge de manœuvre politique créée avant la pandémie.
- Les résultats du programme ont été satisfaisants. Une priorité importante pour l’avenir est de continuer à ancrer la croissance et le développement du Bénin dans des politiques durables et inclusives qui ne laissent aucune région ni aucun groupe socio-économique de côté.
Washington, DC : Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu aujourd’hui les consultations au titre de l’article IV de 2024 [1] avec le Bénin et a achevé la quatrième revue au titre de l’accord mixte de 42 mois au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEC) et de la Facilité élargie de crédit (FEC), ainsi que la première revue au titre de l’accord de Facilité pour la résilience et la durabilité (FSR). Le MEC/FEC a été approuvé par le Conseil d’administration du FMI en juillet 2022 (voir CP 22/252 ) et complété par la FSR en décembre 2023 (voir CP 23/452 ).
L’achèvement des examens permet le décaissement immédiat de 31,2 millions de DTS (environ 41 millions de dollars) au titre du FEC/MEF – ce qui porte le total des décaissements au titre du programme à 400,2 millions de DTS (environ 526 millions de dollars) – et de 19,8 millions de DTS (environ 26 millions de dollars) au titre de l’accord FSR. Le Conseil d’administration a également approuvé la modification du critère de performance quantitatif relatif aux nouvelles dettes contractées ou garanties par le gouvernement pour 2024, la dette publique restant exposée à un risque modéré de surendettement.
L’économie béninoise s’est montrée remarquablement résiliente aux chocs, tirant parti des marges de manœuvre judicieusement créées avant la pandémie et soutenues par les efforts continus de réforme du gouvernement, l’activité économique ayant progressé de 6,4 % en 2023, selon les estimations. La croissance devrait rester forte dans les années à venir, soutenue par les efforts du gouvernement en matière d’infrastructures et par les investissements privés, notamment via la Zone économique spéciale. La réforme en cours de l’éducation contribuera à préparer la main-d’œuvre à une économie en transformation. Cela pourrait aider à exploiter le dividende démographique et à traduire la dynamique de croissance actuelle en une croissance soutenue et riche en emplois à moyen et long terme. Toutefois, des vents contraires régionaux pourraient aggraver l’incertitude mondiale et perturber les échanges commerciaux. Le Bénin reste également vulnérable aux événements climatiques extrêmes.
Les performances du programme ont été solides, tous les objectifs quantitatifs à fin décembre 2023 ayant été atteints, et les repères structurels (au titre du FEP/FEC) et les mesures de réforme (au titre du RSF) ayant été mis en œuvre.
À l’issue des discussions du Conseil d’administration sur le Bénin, M. Okamura, Directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration suivante [2] :
« La forte dynamique de réforme et la gestion macroéconomique judicieuse du Bénin au cours des dernières années ont permis au pays de disposer d’une marge de manœuvre pour faire face aux chocs répétés depuis la pandémie. Après une période d’accommodation justifiée, les autorités ont concentré l’année dernière leur effort d’assainissement budgétaire pour commencer à reconstituer les marges de manœuvre budgétaires. Leur programme de réformes local gagne du terrain avec le soutien des partenaires de développement et des investisseurs internationaux.
« Des finances publiques saines ont contribué à améliorer l’accès global aux services publics de base au fil du temps, la pauvreté ayant également diminué au niveau national, même si les inégalités ont persisté entre les régions et les groupes de revenus. Un défi important à relever pour l’avenir est de continuer à ancrer la croissance et le développement du Bénin dans des politiques qui ne laisseront aucune région ni aucun groupe socio-économique de côté. Dans ce contexte, une mise en œuvre rapide et complète du registre social facilitera la coordination des différents programmes d’assistance sociale et améliorera leur ciblage sur les ménages pauvres et vulnérables dans toutes les régions.
« Les besoins de développement importants du Bénin dans les secteurs sociaux de base (éducation, santé et protection sociale) et dans les domaines non traditionnels (comme la numérisation et le changement climatique) mettent l’accent sur la mobilisation des recettes intérieures. Le maintien de la dynamique de collecte des impôts, ancrée dans la Stratégie de recettes à moyen terme (SRMT), favorisera la convergence vers la norme de déficit budgétaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine de 3 % du PIB d’ici 2025, tout en contribuant à répondre aux besoins de développement du pays de manière durable.
« La planification d’urgence demeure primordiale, compte tenu de l’incertitude mondiale et des vents contraires géoéconomiques et sécuritaires régionaux. Dans ce contexte, les autorités devraient maintenir une certaine flexibilité dans l’exécution du budget et se tenir prêtes à redéfinir les priorités d’investissement public en cas de concrétisation de chocs.
« Les autorités devraient poursuivre les réformes en cours en faveur de l’État de droit et des cadres de lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme afin de jeter les bases d’une croissance inclusive tirée par le secteur privé. Rester vigilant vis-à-vis des risques liés aux secteurs financiers publics et non publics permettra de préserver la stabilité macroéconomique et de limiter les risques de passif éventuel.
« La mise en œuvre résolue du programme de lutte contre le changement climatique dans le cadre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (RSF) complétera le FEP/FEC pour soutenir la résilience socio-économique globale du Bénin. Les initiatives en cours pour catalyser le financement privé de la lutte contre le changement climatique sont des avancées bienvenues à cet égard. La réforme des subventions aux carburants d’une manière qui tienne compte des spécificités du marché local des carburants du Bénin et protège les groupes vulnérables reste une priorité politique. »