Au Ghana, un mur nous invite à faire barrière à la pollution plastique

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Au Ghana, un mur nous invite à faire barrière à la pollution plastique
Clôture réalisée avec des bouteilles plastiques dans la localité d’Azizanya à 109 km à l’Est de la capitale ghanéenne.

Au cours de la première semaine du Climate Change Journalism Fellowship (CCJF22) à Accra, j’ai été marqué par l’ingéniosité de Jonas Zomelo. Dans la localité d’Azizanya, à 109 kilomètres à l’Est de la capitale ghanéenne, ce jeune charpentier construit des murs en bouteilles plastiques et tente de faire passer un message. Ce mur nous invite à faire barrière à la pollution plastique.

Un logis, construit avec des plastiques recyclés. Ce n’est pas une toute première découverte de ma vie de reporter. Des initiatives pareilles se multiplient à travers l’Afrique. L’Unicef érige même des salles de classe faites de plastique recyclé dans certaines communautés, comme « une solution pour lutter contre la pollution plastique ». Cependant, l’histoire du mur plastique aux encablures de la plage d’Ada est singulière.

« Je voyais souvent ces bouteilles traîner un peu partout. J’ai alors décidé de les rendre utiles à nouveau. »

Modeste, mais fascinante, la maison de Jonas Zomelo force le détour. Construite aux encablures de la lagune côtière d’Ada Azizanya à 109 kilomètres à l’Est d’Accra, elle se compose de murs en bouteilles plastique recyclées, soutenues par du bambou. C’est tout un art auquel ce jeune ghanéen résident sur la côte s’adonne.

Jonas Zomelo construit des murs avec des bouteilles en plastique. Crédit Photo : DR

« Je voyais souvent ces bouteilles traîner un peu partout. J’ai alors décidé de les rendre utiles à nouveau « , confie-t-il. Le processus de construction est un peu complexe, mais seul, sans apprenti, ce charpentier qui s’illustre dans le recyclage de déchets reste figé sur ses objectifs. En les surmontant les unes sur les autres, Jonas relie les bouteilles par des cordes pour les consolider. « J’essaie d’améliorer la technologie au fil des jours. Comme vous voyez, je transforme les plastiques en des cubes pour des murs plus attrayants », ajoute-t-il.

Le Ghana génère 0,84 million de tonnes de déchets plastiques par an, dont moins de 10 % sont recyclés. Récemment, le pays a reçu des financements pour intensifier ses efforts pour lutter contre la pollution plastique marine. Cette réutilisation des bouteilles plastique à travers une technique de construction d’habitats plus écologique, plus durable et moins coûteuse contribue à lutter contre la pollution plastique, un fléau mondial. Jonas Zomelo montre ainsi que les efforts individuels, à terme, peuvent réduire le flux des déchets plastiques. « Je suis conscient que ce que j’arrive à recycler est minime par rapport au flux produit. Mais c’est déjà quelque chose. Au début, les gens se demandaient ce que je pourrai bien faire avec les plastiques en les collectant. Avec le temps, ils ont compris l’enjeu. Certains demandent que je vienne reproduire ça dans leurs maisons », souligne-t-il.

Les bouteilles ramassées sont nettoyées. Tout le travail de construction de murs en bouteilles plastique est manuel et peut prendre plusieurs jours. « En quatre jours, j’arrive à terminer un mur complet. Je peux le faire en moins de temps que ça », fait savoir Jonas Zomelo. Son ambition, c’est de pouvoir utiliser les déchets plastiques pour faire beaucoup de choses. « Je veux fondre ces sachets collectés et les mélanger à des substances pour fabriquer des objets », dévoile-t-il. Jonas n’ignore pas qu’il peut se faire de l’argent par le recyclage. Mais, pour l’instant, il travaille à améliorer son art et à le transmettre pour plus d’impacts.

Clôture réalisée avec des bouteilles plastiques dans la localité d’Azizanya à 109 km à l’Est de la capitale ghanéenne.

Un mur symbolique

A travers le mur de Jonas Zomelo, on peut lire un appel. Celui de faire tous barrière à la pollution plastique. Érigé non loin de la plage, il voudrait dire que nous devrons préserver les océans et les plans d’eau contre le rejet des déchets plastiques. C’est une responsabilité individuelle et collective, au risque de se laisser étouffer par ces matières.

Selon les estimations de l’OCDE, la production de plastique a explosé, passant de 2 millions de tonnes en 1950 à 460 millions de tonnes en 2019. Ainsi, 353 millions de tonnes de déchets sont générées, dont moins de 10% sont actuellement recyclées et 22% sont abandonnées dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou rejetées dans l’environnement. Agissons.

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