Après avoir longtemps mis en scène leur proximité, Boni Yayi et Patrice Talon dialoguent désormais à distance. L’ancien président a ouvert les hostilités en se rendant à Sèmè Kraké le 24 septembre dernier, suite de l’incendie survenu dans un entrepôt d’essence de contrebande, occasionnant une quarantaine de morts et une vingtaine de blessés. Le président Talon, lui, était aux abonnés absents alors que son prédecesseur occupait l’espace.
Toujours en qualité d’ancien chef d’Etat, il a été accueilli avec liesse et a exprimé sa compassion à l’endroit des victimes et de leurs familles. Jusque-là, silence radio du côté de la Marina, même si certains ministres ont été dépêchés sur les lieux. Tous se sont attendu à une réaction de la part du président lui-même, ce qui n’est jamais arrivé. Peut-être était-il trop occupé à éteindre le feu politique qui embrase le Niger.
Sur ce point, l’ancien locataire de la Marina ne parle plus le même langage avec son successeur. Boni Yayi a publiquement pris le contrepied de Patrice Talon sur la situation sociopolitique qui prévaut au Niger. Il a non seulement rejeté l’option d’une intervention militaire, mais il a également appelé au dialogue et à la levée des sanctions imposées par la CEDEAO.
Alors que ces propos sont abondamment relayés par la presse et les réseaux sociaux lui accordant une côte de popularité, Boni Yayi a réitéré sa position ce week-end en se rendant à la frontière Bénin-Niger pour « constater de visu les conséquences négatives » de la fermeture des frontières avec le pays voisin.
Il faut reconnaitre que la nature a horreur du vide et Boni Yayi sait en combler. Ce déplacement très apprécié des populations et des transporteurs a été effectué avec quelques membres du parti « Les Démocrates ».
Une manière de montrer à Patrice Talon le chemin qu’il aurait dû suivre. A ses yeux, la voie de la diplomatie et de la discussion n’a pas été utilisée par Patrice Talon.
Mais à y regarder de près, Boni Yayi a plus à gagner en saisissant ces opportunités aujourd’hui dans la perspective des élections générales de 2026 que Patrice Talon. Le but est de positionner son parti en tant que le parti d’opposition actif et agissant, proche des populations et de leurs misères.
Ce parti qui ferait tout ce que Talon ou son dauphin n’aurait pas fait en temps utile. Fort de son expérience, l’ancien leader de la FCBE connaît les recettes pour attirer la sympathie des Béninois et draîner du monde. Et ce n’est pas sans conséquences pour les élections générales de 2026.