A la faveur d’une déclaration lue à la tribune du parlement béninois à Porto-Novo, le groupe parlementaire Les Démocrates, groupe des députés de l’opposition béninoise s’est enfin exprimé sur la crise qui oppose le Niger au Bénin.
Le groupe dirigé par l’honorable Nourénou Atchadé a indiqué sa position par rapport à cette situation fâcheuse qui secoue l’axe Cotonou Niamey.
L’INTÉGRALITÉ DE LA DÉCLARATION DU GROUPE PARLEMENTAIRE
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Chers collègues députés,
L’actualité dans la sous-région est animée par la tension qui règne entre le Bénin et le Niger, deux pays frères qui ont vécu des relations séculaires faites, certes de hauts et de bas, mais toujours avec une solidité qui ait pu traverser le temps et survivre.
Point n’est besoin de rappeler que pour faciliter l’intégration sous-régionale et les échanges commerciaux entre les deux peuples, les pères fondateurs dans un esprit visionnaire, ont pu mutualiser leurs efforts pour créer en 1959, l’Organisation Commune Dahomey Niger (OCDN) devenue à partir de 1975, Organisation Commune Bénin Niger (OCBN).
Contemporains, nous sommes donc héritiers d’une vieille tradition d’amitié et de fraternité que nous devons, dans un bel élan successoral, consolider et pérenniser. Le pétrole ainsi que les autres ressources minières du Niger sont aussi ceux du Bénin comme le port de Cotonou est le port naturel du Niger. L’arsenal juridique international, notamment les textes des Nations Unies, fait obligation aux Etats portuaires de faciliter l’accès à la mer aux pays de l’hinterland.
En effet, il y va de même de la fraternité que du voisinage géographique. Tel on ne choisit pas son frère ou sa sœur, le Bénin et le Niger n’ont pas choisi de se retrouver de part et d’autre d’une ligne imaginaire artificiellement tracée par le colon appelée frontière.
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
Ce qui arrive aujourd’hui aux deux peuples frères du Bénin et du Niger devrait être perçu comme un simple accident de parcours que nous devons, dans la transparence et la confiance mutuelle, transcender et résoudre au plus vite, pour relancer la coopération entre les deux pays qui ont inséparablement un destin lié. Il ne s’agira pas de trouver un plus fort, un plus intelligent ou celui qui a raison. C’est le défi actuel de notre parcours commun en tant que peuples voisins et frères. Le charisme d’homme d’Etat se révèle le plus souvent au carrefour des tumultes et à l’heure des défis majeurs. Et nous y voilà !
En fait, ce n’est pas un problème qu’il y ait problème. Le problème, c’est de ne pas pouvoir régler le problème.
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
Dans une démarche préventive, le Groupe Parlementaire « LES DEMOCRATES » a interpellé le gouvernement à travers une question orale qui à ce jour est restée lettre morte. Dans la même veine, le parti « LES DEMOCRATES », par une sortie publique, avait tiré la sonnette d’alarme en appelant en vain à la désescalade et en exhortant les parties prenantes à privilégier le dialogue.
Aujourd’hui, face à la situation malheureuse qui prévaut, il devient impérieux, voire urgent que les uns et les autres sortent des postures emphatiques, gratuitement bellicistes et égocentriques pour aller à la table de négociations.
Depuis hier, notre pays a levé l’embargo sur l’embarquement du pétrole nigérien et ceci prouve notre volonté de ne pas pourrir davantage la situation. Cette démarche est à saluer quoiqu’elle dénote de l’inconséquence d’une décision immature et hasardeuse. Ce rétropédalage, même s’il faut souhaiter que les autorités nigériennes y voient un appel de pieds au dialogue, révèle un flottement diplomatique, et affaiblit quelque peu l’image de notre pays. Un sens de responsabilité aurait pu préalablement évaluer et bien sous-pesé les différentes implications synallagmatiques et toutes les ramifications géopolitiques liées à l’oléoduc de Sèmè, pour ne pas nous affubler de cette image d’un Etat qui fait bégayer sa propre autorité, tituber sa propre décision, pour finalement marcher à reculons.
Le Bénin veut et doit rester un pays de paix et de dialogue, mais sans aucun préjudice ni à son image, ni à sa souveraineté. Que cela soit entendu et retenu ici et ailleurs.
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
La paix des braves permet d’envisager le développement économique des deux peuples pour un avenir prospère de coopération. Dans la dynamique des relations, les crises sont parfois inévitables mais porteuses et révélatrices de nouvel élan pour être plus forts et aller ensemble plus loin.
De toute évidence, cela appelle autre chose que les querelles de personnes, les polémiques futiles et inutiles des acteurs qui, en panne d’objectivité et de responsabilité, réduisent maladroitement et bougrement les problèmes conjoncturels de deux peuples à une frontalité oppositionnelle YAYI-TALON. Mais au fond pourquoi l’ancien Président Boni YAYI hanterait si tant les esprits d’un pouvoir qui dit avoir rompu depuis plus de huit (08) ans et qui hélas peine à prendre un nouveau départ ?
Il est vrai que dans l’histoire et dans l’économie de ce pays, le Président Boni YAYI reste et demeure un capital inépuisable. Ce n’est pas pour autant qu’il sera le fonds de commerce d’apprentis sorciers qui, pour camoufler leur propre incapacité et leur vacuité, ne cessent de se jeter à bras raccourcis sur celui qui aura, de tout son cœur et de toute sa foi, donné le meilleur de lui-même pour être indélébilement gravé à jamais dans le cœur de ses compatriotes qui le lui rendent si bien, en le portant en triomphe dans une liesse populaire presque contagieuse à chacune de ses apparitions.
Le Président Boni YAYI est un ancien Président comme, et nous le lui souhaitons vivement, le Président Patrice TALON le sera bientôt et jouira des délices de l’après-pouvoir. La roue tourne et elle tournera toujours.
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
Dans la diplomatie et les relations internationales, il est une donnée constante qu’il faut privilégier le dialogue et la négociation. Même les guerres les plus atroces finissent autour d’une table de discussions et de négociations.
C’est pourquoi, le Groupe Parlementaire « LES DEMOCRATES » et le parti « LES DEMOCRATES », se mettent au-dessus de la mêlée et réitèrent son engagement au règlement consensuel dans l’immédiat et tout de suite, de ce bras de fer inutile qui a déjà trop duré.
Le Groupe Parlementaire « LES DEMOCRATES » appelle les acteurs de part et d’autre à se montrer sensibles aux souffrances des deux peuples pour se donner de la hauteur, afin qu’ensemble il soit possible de jeter un nouveau pont pour des pourparlers qui vont augurer d’un lendemain meilleur pour ces deux peuples qui vivent impuissants le martyre depuis le désaccord entre leurs dirigeants.
Le Groupe Parlementaire « LES DEMOCRATES », tout en condamnant les approximations et maladresses diplomatiques, reste disponible à accompagner toute démarche entrant dans le cadre de ces pourparlers à venir.
Le Groupe Parlementaire « LES DEMOCRATES » souhaite enfin qu’en lieu et place des soutiens partisans qui frisent le culte de la personnalité, notre parlement s’engage véritablement dans une diplomatie parlementaire en activant diligemment son réseau d’amitié et de coopération pour concourir à la recherche de solutions dans l’intérêt souverain des deux peuples.
Vive le Groupe Parlementaire « LES DEMOCRATES »
Vive le Parti « LES DEMOCRATES »
Vive le Bénin
Vive la fraternité des peuples du Bénin et du Niger
Je vous remercie.