Le Bénin avait appliqué les sanctions décidées le 30 juillet 2023, par la CEDEAO contre le Niger à la suite du coup d’État. Le président Patrice Talon avait indiqué être favorable à une intervention militaire pour réinstaller l’ancien président Bazoum et avait préparé des troupes à cet effet. Pour le Niger, cette posture du Bénin avait été perçue comme un affront. Le maintien de la fermeture des frontières avec ce pays peut donc être perçu comme une volonté du CNSP de rendre à Cotonou la monnaie de sa pièce. Le port de Cotonou a d’ailleurs été délaissé au profit du port de Lomé comme principal point d’accès à la mer pour le Niger, induisant des pertes pour Cotonou.
Mais le Bénin n’est pas le seul à perdre gros dans cette histoire. L’absence des réactions des autorités nigériennes ainsi que le maintien de la fermeture des frontières ont de quoi susciter des interrogations au regard de l’impact du blocus économique qui continue de se faire encore sentir d’une part auprès de la population, qui aspire à reprendre une vie normale, et donc vaquer à ses occupations quotidiennes. D’autre part, cette situation touche en partie, l’espoir, suscité par la levée des sanctions auprès des opérateurs économiques, notamment qui espéraient reprendre rapidement leurs échanges après plusieurs mois de suspension.
Cotonou reste toutefois le port le plus accessible. La solution alternative par le Togo est coûteuse et compliquée en termes de sécurité. De source proche du pouvoir nigérien, il faudra finir par trouver un consensus avec les autorités béninoises « pour une paix commune ».
Dernier point de blocage, selon l’économiste Ibrahim Adamou Louché : le sujet des frais de gardiennage, que le Niger devrait payer pour les nombreux conteneurs n’ayant pas pu être acheminés et stockés au Bénin depuis la fermeture de la frontière.
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Ce silence des autorités ne devrait sans doute pas tarder et on devrait donc bientôt assister à la réouverture très prochaine de ses frontières pour à la fois éviter de provoquer la colère de la population après plusieurs mois de forte cohésion sociale. Il n’est pas aussi à leur dire le coût économique et social, lié à la crise et donc aux sanctions, et surtout éviter que la pénurie de bien de consommation courante nous provoque davantage une hausse vertigineuse de leur prix.
Bien que la fermeture de la frontière avec le Bénin soit soutenue par plusieurs nigériens, le maintien de cette mesure fait souffrir les opérateurs économiques, les transporteurs et les populations transfrontalières. La solution alternative proposée par le Togo est plus coûteuse et compliquée en termes de sécurité, informent les économistes. Un conteneur de Cotonou à Niamey qui était à 1,2 million de FCFA via Malanville, coûte 3,6 millions voire 4 millions de FCFA en empruntant le tronçon du Togo vers Kaya, pour venir à Niamey.