L’Otan veut s’engager durablement aux côtés de l’Ukraine, en difficulté face aux forces russes, en assurant une aide militaire « prévisible » et « à long terme« , a assuré mercredi son secrétaire général Jens Stoltenberg.
« Nous devons assurer une assistance militaire fiable, prévisible et à long terme pour l’Ukraine« , a déclaré M. Stoltenberg peu avant une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance.
Ces derniers devraient discuter d’une proposition de création d’un fonds de 100 milliards d’euros sur cinq ans pour aider Kiev.
« Moscou doit comprendre qu’ils (les Russes) ne peuvent pas atteindre leurs objectifs sur le champ de bataille et attendre qu’on (l’Otan) se lasse » et renonce à aider l’Ukraine, a expliqué M. Stoltenberg.
Interrogé sur cette proposition d’un fonds de 100 milliards d’euros, le secrétaire général de l’Otan s’est refusé à donner des détails, expliquant que les discussions allaient débuter cette semaine en vue de trouver un « consensus » parmi les 32 pays de l’Otan avant leur sommet en juillet à Washington.
Cette proposition rencontre toutefois le scepticisme parmi certains pays alliés, qui s’interrogent sur le financement d’un tel fonds. L’Otan n’a ni budget, ni moyens d’encourager à lever des fonds, a ainsi souligné un diplomate de l’Otan mercredi.
« Je ne crois pas que cela ait grand sens de discuter de contributions individuelles ici à nouveau et de jongler » avec des chiffres, a déclaré à son arrivée au siège de l’Otan la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.
Dans une déclaration commune publiée mercredi, Mme Baerbock et les ministres des Affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, et polonais, Radoslaw Sikorski, ont également averti de la nécessité pour les Alliés de rester aux côtés de l’Ukraine.
« Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers, nous devons assumer le fait que ce moment peut définir l’avenir dans lequel nos enfants vivront« , affirment ces ministres, qui appellent dans cette déclaration tous les pays de l’Otan à consacrer au moins 2% de leur PIB aux dépenses militaires.
Cet objectif avait été fixé en 2014 par l’Otan, mais seuls une vingtaine de pays ont atteint ce seuil.
Moscou à l’offensive
L’Ukraine réclame de ses alliés davantage d’aide militaire face à la Russie, désormais à l’offensive sur le terrain et dont les forces pilonnent les infrastructures énergétiques du pays.
Le secrétaire général de l’Otan, qui quittera son poste en octobre après dix ans à la tête de l’Alliance, s’est montré inquiet de la situation sur le champ de bataille.
Les forces russes sont prêtes à des pertes considérables pour des gains territoriaux minimes, avec « très peu de respect pour la vie humaine« , a-t-il souligné. « C’est pourquoi la situation sur le front est si difficile », a-t-il martelé.
Les forces ukrainiennes doivent rationner les obus d’artillerie qu’ils tirent face aux forces russes, faute d’en recevoir suffisamment, a encore expliqué M. Stoltenberg. Selon certains experts, le rapport est d’un obus tiré côté ukrainien contre cinq côté russe.
Il a également déploré le blocage d’une aide des Etats-Unis de plus de 60 milliards de dollars au Congrès en raison du veto d’élus républicains favorables à l’ancien président américain Donald Trump.
« Tout retard a des conséquences sur le champ de bataille« , a-t-il insisté, jugeant essentiel de transformer les annonces à court terme en « engagements à long terme, sur plusieurs années ».
Un engagement plus important de l’Otan aux côtés de l’Ukraine se heurte toutefois à l’opposition de la Hongrie, pays membre de l’Alliance atlantique resté le plus proche de Moscou depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022.
Le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto a réaffirmé mercredi cette opposition: « La Hongrie ne soutiendra aucune proposition de l’Otan qui pourrait rapprocher l’Alliance de la guerre ou la faire passer d’une coalition défensive à une coalition offensive« , a-t-il affirmé sur X.
Selon un diplomate de l’Otan, M. Stoltenberg a tenté en vain mardi de contacter le Premier ministre hongrois Viktor Orban pour tenter de le convaincre.