L’actualité politique sous régionale marquée par la décision du Conseil Constitutionnel sénégalais invalidant, à la requête des députés de l’opposition, l’annulation de la convocation du corps électoral et reportant de facto la présidentielle de février 2024, a relevé d’un cran le regard de la communauté internationale sur la saga qui se Jouera à l’hémicycle de Porto-Novo. C’est vrai qu’il ne s’agit ni du même contexte, ni des mêmes enjeux, mais il reste indiscutable que c’est plus à un jeu de quitte ou double qu’à un exercice de leur prérogative de retoucher la constitution ou le code électoral que les députés béninois sont convoqués. De quelque camp qu’ils soient, tous y jouent leur avenir politique.
Jusqu’en 2019, le tabou de son intouchabilité n’avait jamais été violé, depuis près de trente ans qu’elle était mise à l’épreuve. Par une loi du 07 novembre de cette année-là, la constitution béninoise a été modifiée par la huitième législature, mais sans renoncer à la limitation à deux mandats de cinq ans, du maximum possible à un citoyen béninois.
Certes en corsant davantage cette limitation avec la formule « de sa vie ». Qui peut le plus peut le moins, la même législature a modifié le code électoral par une loi du 15 novembre 2019, déclarée conforme à la constitution qui venait à peine révisée.
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Avec une facilité qui n’avait alors d’égale que l’appartenance de tous les parlementaires à la même majorité présidentielle d’une part; et la perspective de réélection du président Patrice Talon en 2021, d’autre part.
Suspense chez les députés de l’opposition
Aujourd’hui, les choses ont changé. Le parlement n’est plus monocolore comme le qualifiait l’opposition désormais forte de 28 députés. La perspective d’une candidature en 2026 du même président en exercice est quasi-nulle, dans l’impossibilité d’un troisième mandat. Mais tel qu’au Sénégal, c’est la date du terme du mandat présidentiel qui veut être remise en cause, à la différence ici qu’il ne s’agit pas de la repousser, mais plutôt de la rapprocher. De même que celle de la tenue des élections législatives. Comme ferait un disc-joker avec ses boutons d’équafiseur acoustique. On se serait attendus, vu leur opposition aux modifications de 2019, que les députés de l’opposition soient auteurs d’une proposition de révision qui ramènerait l’arsenal législatif au statu quo ante.
Mais c’est le député Assan Seybou du Br qui a pris la main pour la manœuvre, suivi d’une forte campagne de l’Upr, sur le terrain pour promouvoir le bien-fondé de la proposition de leur collègue de l’autre parti de la majorité, face à des voix discordantes du même parti qui Jugent la révision sans importance pour les populations.
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Les Démocrates quant à eux, se sont limités à des propositions d’amendements au Code électoral en réponse aux directives de la Cour constitutionnelle ordonnées début janvier 2024 en réponse à un recours introduit par un citoyen. Il pèse cependant dans leurs rangs, comme lors du vote du budget de l’Etat où un des leurs et pas des moindres, Basile Ahossi, à l’encontre de tout mandat impératif, avait accordé son vote favorable à la loi de finances gestion 2024, contrairement au choix de son parti LD.
Une contribution de Ange TOSSOU